Le démon à Laon

 

 

 

 

Outre les attaques épileptiformes (attaques incomplètes ou avortées), et les attaques hystéro-épileptiques complètes, V... a quelquefois des « faiblesses », c'est- à dire des attaques syncopales. On les retrouve chez beaucoup d'hystériques. Il en est fait aussi mention dans l'histoire des « possédées ». Nous n'en citerons qu'un exemple.

 Histoire de Nicole de Vervins, d'après les historiens contemporains et témoins oculaires ou le Triomphe du Saint Sacrement sur le démon, a Laon en 1566, par l’abbé J.Rogers.

Nicole Obry, plus connue sous le nom de Nicole de Vervins, n'avait point encore atteint sa seizième année quand elle fut mariée à Loys Pierret. Trois mois plus tard, frayeur, hallucinations, attaques. Nicole est déclarée possédée... Conjurations, exorcismes ; pèlerinages par des tiers. Tout cela échoue, on la conduit de Vervins à Liesse. Nouveaux exorcismes: vingt-six démons sont chassés grâce à l'intercession de la « Mère de Dieu », dont les protestants niaient l'influence céleste.

Le prince des diables, Béelzébub, ayant déclaré qu'il y avait encore trois autres de ses sujets, sans le compter, dans le corps de Nicole, et que, lui, ne sortirait qu'à Laon, prêtres, moine, possédée et sa suite, se dirigent vers Laon. Mais, en route, on s’arrête à Pierrepont dont l'église possède de « saintes reliques. » On exorcise Nicole: un diable sort, c'est Legio et, de la sorte, les catholiques démontrent aux protestants la légitimité du culte qu'ils rendent aux saints.

A Laon, sous la direction de l’évêque, messes, processions, exorcismes et démonstration de la présence réelle du corps de Jésus-Christ dans le pain eucharistique. Grâce au Très Saint Sacrement, Astaroth et Cerberus la grosse tète, enfin Béelzébub lui-même sont contraints de laisser Nicole tranquille.

Alors, les grandes attaques cessent, mais la guérison n'est pas encore complète, Nicole est sujette à des attaques syncopales: «Le lundi donc 11 février (1566), sur les cinq heures et demie du matin, la malade commença à se plaindre et l'un de ses gardes lui ayant parlé, elle dit : « Ah! Jésus! cela que j'ay sur mon estomach me crève le cœur! Je vous prie, priez Dieu pour moi. Je me meurs! » Ce qui me fut incontinent récité, dit Despinois. Je m'approchai d'elle pour l'émouvoir, et l'inciter d'avoir toujours mémoire du nom de Jésus. Elle me dit: « Je dis adieu à monsieur l’évêque et à vous, je me meurs. Priez Dieu pour moi, je m'en vais mourir. » Puis inclina la tête et ne parla plus. Ce qui nous donna grande tristesse, car elle était comme morte, n'ayant ni pouls ni sentiment... »

Le mardi, 12 février, les syncopes reprirent la malade. Comme on la portait sur son lit, « elle tombe morte, sans pouls, ni sentiment... Il semblait qu'elle labourât à la mort. » En comparant cette description faite par le chanoine Despinois avec celle que nous avons tracée, on voit que les caractères de ces attaques syncopales sont les mêmes et qu'elles sont plus graves en apparence qu'en réalité , car Nicole, de même que V.., revenait à' elle, « buvant , mangeant et jouant. »