Planche VI: démonomaniaque
L... âgée de 57 ans, blanchisseuse, très dévote dès l'enfance. A 17 ans, mariée; mère de quinze enfants. A 46 ans, mort de son mari et d'un de ses enfants qui expire dans ses bras. Vers le mème temps, L... a des scrupules, s'accuse d'avoir fait de mauvaises communions, exagère les exercices de religion, néglige ses occupations, passe son temps à l'église : insomnie, elle pousse des gémissements et craint l'enfer; les craintes se changent en terreurs religieuses, L... se croit au pouvoir du diable. A 34 ans, fièvre, délire ; elle se jette par la croisée, est envoyée à l'Hòtel-Dieu, d'où, après cinq mois, elle est transférée à la Salpetrière. « Le diable répète sans cesse de tuer, d'étrangler mème mes enfants; en une minute je commets plus de crimes que tous les scélérats n'en commettent en cent ans ; aussi ne suis-je pas fâchée d'avoir le gilet de force, sans cette précaution, je serais dangereuse. En me donnant au diable, j'ai été contrainte de lui vouer mes enfants, mais en retour, j'ai demandé au diable de faire tomber celui qui est en haut, de tuer Dieu et la Vierge. Quand je communiais, je prenais le bon Dieu de l'église pour m'en moquer; je n'y crois plus, il ne faut plus y croire, il ne faut plus se confesser, le diable le défend » L... reste à l'écart, évite ses compagne, craint de leur faire du mal, parle seule, voit partout le diable et souvent se dispute avec lui. Cette infortunée nous présente l'exemple de la démonomanie compliquée de démence et de fureur. Les illusions et les hallucinations les plus bizarres entretiennent son délire et provoquent les actes et la fureur la plus aveugle. |