Planche VIII et IX: maniaque, pendant l'accés et aprés la guerison
A l'âge de 20 ans et demi, V... devient plus sédentaire, plus triste; à 21 ans, elle donne des soins à sa tante qui est très-malade, elle s'afflige et se fatigue beaucoup. Les menstrues se suppriment, V... a de l'insomnie, plus de tristesse, souvent des terreurs paniques, et des idées de suicide. C'était au mois de février 1813, trois saignées du pied sont pratiquées sans amélioration de la santé. Cette jeune file est conduite chez sa mère ou son état s'exaspère. Peu de jours après, le 5 avril, pendant que les menstrues coulent, V... se jette dans la rivière; lorsqu'elle est retirée de l'eau, elle ne parle point, s’obstine à garder le silence les jours suivants, mange peu par caprice, ne fait point de mouvements et ne dort pas. Le 1 juin 1813, V... est admise à la Salpetrière, elle est dans un état de stupeur avec des convulsions de la face et des muscles releveurs des épaules. Elle refuse de parler, de prendre des aliments, de marcher ; elle reste couchée ou assise dans le lieu où on la place ; les déjections sont involontaires; des bains tièdes sont prescrit, des vésicatoires sont promenés sur les différentes régions de la peau, on applique des sangsues à la vulve. Alternativement elle déchire, frappe, mord, crie, danse rit, etc. ; pendant les mois de septembre, octobre, novembre, même agitation, même incohérence des idées ; mème loquacité, mème disposition à la fureur, mème insomnie, même constipation mème suspension des menstrues. Malgré le froid, V... reste nue, rejette les chaussures, marche nu-pieds dans les cours, vocifère, tient des propos obscènes, renverse, détruit, etc... ; les bains tièdes prolongés, la douche que la malade craint ne modifient pas son état (pendant sa convalescente, V... m’a avoué qu'elle redoutait la douche, qui néanmoins lui avait fait du bien, quoique très-douloureuse). Janvier 1815, les menstrues coulent abondamment, depuis lors calme ; la malade dort un peu; cherche à s'occuper, quoique toujours délirante ; pendant le mois de février, elle est plus tranquille, plus raisonnable dans ses propos et ses actions ; février, la menstruation est plus abondante; l'appétit est plus régulier ; le sommeil est meilleur. La planche VIII représente la jeune V... pendant l'accès de manie, tandis que dans la planche IX, cette même personne est dessinée après avoir recouvré la raison, quelques jours avant sa sortie de l’hospice. Quel contraste dans la physionomie de cette jeune personne, dans les deux états si différents de l'intelligence et des affections. Le dessin de la planche VIII offre tons les traits de l'agitation, de l'indignation et de la colère, la physionomie du dessin de la planche IX est calme et posée, avec une légère nuance de mélancolie si ordinaire après un accès de manie. |